Né en 1971, Benjamin Teissèdre vit et travaille en Hauts de France à Amiens.
Major de promotion de l’école des Gobelins, Paris, 1996.
Photographe indépendant il collabore avec les agences de communication et les institutions (Publicité, tourisme, presse, industriel, portraits, architecture, patrimoine, communication d’entreprise…)
La lune, un citronnier, la mer, un cyprès, un chien, une étoile, un cheval, un promeneur, une robe, un puzzle… Benjamin Teissèdre prélève des éléments du réel. Mais celui-ci n’est pas son propos, il en fait le support de sa vision.
Loin du catalogage, ses images cueillent les « irrégularités de la vie quotidienne et les résonances que leur perception suscite en nous » *. Rêveur utopiste, il la parcourt, son âme en bandoulière, dans un va-et-vient perpétuel entre la délicatesse des choses et la noirceur d’un chaos élémentaire.
Benjamin Teissèdre habite le monde comme il habite la photographie, ou plutôt comme il est habité par elle ; sans concession, dans une relation portée par « la beauté et l’amour, ces deux raisons de vivre »**. Il avance tel un funambule idéaliste cherchant son chemin dans l’ambivalence du réel. Dans un désir peut-être illusoire de réenchanter le monde, d’espérer que la réalité naisse du possible, émerge de la croyance, il nous prose une photographie où la clarté ténue de la lumière ferraille avec les ténèbres de l’imaginaire. L’instantané se donne le droit du flou, la réalité celle de l’illusion.
Affectionnant le jour bleu du matin ou l’interstice du soir, entre chien et loup, il travaille l’obscurité comme s’il savait que le premier, ou le dernier éclair de la grâce n’est visible qu’à cet instant, celui de tous les possibles, celui où le tumulte du jour n’est pas encore né, ou bien s’efface, celui où le temps se dilate et se contracte comme un cœur ouvert à toutes les émotions.
Les images de Benjamin Teissèdre ont la force de contenir dans une « même enveloppe l’objet et le spectateur, et de donner l’illusion d’une perception partagée » ***.
Il nous offre un monde sensible, onirique, qui s’irradie d’un pays de merveilles à jamais disparu. Un monde qui vibre en nous.
Claude Belime Directeur du Centre d’Art et de Photographie de Ceret
* Arnaud Claass
** Léon Tolstoï, Guerre et Paix
*** Serge Tisseron, psychiatre
« Benjamin Teissèdre, vos photographies irradient de calme solitude et de silence respirant. Je les ai contemplées deux fois de suite et à chaque fois quelque chose de précieux m’était donné, une vue hors temps. Quand on s’écorche un doigt ou un genou, il en sort une gouttelette de sang rouge, semblable au sang dans les contes où il est question d’un charme.
Vos images ouvrent dans le songe une petite entaille semblable, par où sort une goutte d’or fin. Vous êtes photographe comme d’autres sont écrivains ou vagabonds : depuis toujours.
Je sais bien que c’est dur de se faire entendre. Par un mélange de patience et d’entêtement vous parviendrez, j’en suis sûr, à être vu, et donc à être aimé, car il est impossible de regarder votre travail sans aussitôt l’aimer »
Christian BOBIN
À la fois attentif et légèrement en retrait de ses sujets, à la recherche de ce qui se cache derrière l’évidence des choses Benjamin Teissèdre cultive le goût de la contemplation, invitant souvent la nuit et le flou à envelopper ses images oniriques et atemporelles. Les couleurs monochromes, les contrastes sourds et les noirs profonds contribuent à sa signature visuelle.
Dans son monde poétique vous croiserez des chiens errants, des femmes-solitude, des nus perdus, des chevaliers éperdus, des failles, des routes pavées de tremblements, des dieux délavés, des cheveux de la mer, chevaux de l’amer, des bestiaires étoilés, des absences, des paradis perdants, des ombres de Vincent, des pierres de rêve, de vies d’instants fragiles … dont l’artiste signifie qu’ils participent chacun à leur infime échelle à la beauté d’un monde immense.
Se souvenir d’être seul
Sans s’enliser
L’amour en bandoulière
Les couleurs de ton âme altière
Au bout du monde
Sur le chemin
Grand feu
Arc en ciel dans la main
Ta flèche étincelle au loin
Tu refais les lacets
De tes souliers blessés
Tu refais les lacets
De tes souliers lassés
Au temps des saules pleureurs
Le miroir s’est brisé
Dans ses éclats de verre
Des mots de lumière
Tu graves
Sans gravité
L’amour en bandoulière
Grandeur et misère
De l’âme solitaire
Se souvenir d’être seul
Sans s’en lasser
Laisse s’élever
Les couleurs délavées
De ton âme blessée
Se laisser être seul
S’en s’enliser
Tu refais les lacets
De tes souliers blessés
Tu refais les lacets
De tes souliers lassés
Aurélie TEISSEDRE
La joie c’est ta bohême
À vagabonder au plus près de l’écorce
Tu hausses les épaules à l’ordinaire des jours
Nulle cage pour elle
Nulle barrière
Les sens guident mieux que des preuves
Une miette de lumière
Un frémissement de feuille quand le vent est ailleurs
Un reflet furtif sur une vitre
Reflux des voiles au fond de nos geôles
Grains d’éternité dans le mécanisme des heures
Un chant s’élève de la mer
L’élan dans tons plexus l’ange entrevu
C’est toujours le début du monde
Et tu hausses les épaules
Ton rire auréolé d’écume
Ghyslaine LELOUP- « La joie, pourtant » – éditions HELICES