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En juin 2020, le service culturel du Pôle d’Équilibre Territorial et Rural « Cœur des Hauts-de-France », nous a invités à envisager un travail de création artistique dans le cadre du projet « Panorama ». Notre intérêt s’est rapidement porté sur le secteur du Santerre, et plus particulièrement sur la Communauté de Communes « Terre de Picardie ».
Notre intention première visait à écrire et photographier le déclin des jours de la saison d’automne. Partir du banal, de l’apparente insignifiance du territoire, avec le souhait de permettre aux habitants, d’aller au-delà du quotidien, de dépasser l’impression de déjà-vu. Au fil des premières rencontres avec les acteurs culturels locaux et les habitants croisés, une nouvelle visée est apparue : celle de l’empreinte traumatique et invisible des dévastations qui ont frappé le Santerre à travers les guerres subies, et plus particulièrement celle de 1914-1918. En juxtaposition de l’environnement visible, il nous paraissait important de travailler sur cette face immergée, avec l’hypothèse que les résidus de cette douleur sourde gisent à la fois sous terre et dans l’inconscient collectif.
La visite de la commune de Faÿ, découverte lors de la phase d’immersion, a joué un rôle dans cette nouvelle perspective. Entièrement détruite lors de la Bataille de la Somme, elle a été classée en zone rouge, avant d’être finalement reconstruite quelques années plus tard par ses habitants à une centaine de mètres des ruines de l’ancien village. Dans le cadre d’un paysage bucolique et paisible, ces vestiges demeurent un témoignage précieux car ils attestent de façon visible des violences inouïes qui ont martyrisées le Santerre.
Mais ce que nous n’avions pu prévoir au début du projet, c’est que nous allions nous-même être confrontés à une nouvelle zone rouge. En pleine crise sanitaire du second confinement, munis d’une attestation de déplacement, nous sommes devenus « artistes en mission » au cœur d’un territoire déserté. A défaut de rencontres humaines et de portes ouvertes, nous avons erré dans la beauté crépusculaire des paysages, arpenté la solitude des villages, frayé avec les corbeaux et le crachin de l’aube, lu les prénoms des adolescents consignés à la craie sur les briques d’un abri de bus, découvert les identités d’autres jeunes venus des quatre coins du monde sur des tombes parfaitement alignées, cherché, en fin de compte, ce que nous pouvions dire lorsque la parole n’est plus en mesure de se faire entendre.
De ce voyage suspendu en zone rouge, nous avons gardé vingt et un poèmes courts et autant de photographies. Composés de cinq vers en écho des cinq années marquées par la Grande Guerre, ces textes courts ont été inspirés à la fois par les paysages, les architectures, les lectures historiques, et la large ouverture du ciel. En ce qui concerne les photographies en noir et blanc, elles sont voilées d’une couche de blanc d’Espagne, textures récupérées sur des vitrines de petits commerces livrés à l’oubli.
Ce livre est la mémoire de mots et d’images de cette Saison en Santerre.
Un voyage qu’il vous appartient désormais de parcourir.

 

Sébastien Kwiek & Benjamin Teissèdre

LE LIVRE

 

Automne 2020. Engagés dans le cadre d’une résidence de création, Sébastien Kwiek et Benjamin Teissèdre parcourent le territoire de la communauté de communes Terre de Picardie. Les habitants sont confinés. Les rues désertes, les paysages et la ligne d’horizon s’imposent comme les seuls interlocuteurs. Les poèmes et les photographies de cet ouvrage constituent la mémoire de cette singulière Saison en Santerre.

Un superbe livre grand format qui inaugure notre nouvelle collection « Hors cadre » avec une enveloppe bonus (poèmes et photographie signés pour les 50 premières commandes).

COMMANDE SUR:

https://www.lachouetteimprevue.com/product-page/une-saison-en-santerre